ton chapeau et te bat avec le hautbois de ta cornemuse. Et, quand tu as prononcé certaine formule d’exorcisme, un ange t’apparaît et te dit : « Va tuer un bleu, et Satan te laissera tranquille. »
CADIO. Ô bon saint Cornéli ! d’où savez-vous ces choses ?
HENRI. Je suis sorcier aussi. Je connais les pratiques des maîtres sonneurs de tous pays. (Bas, au capitaine.) Regardez les yeux fixes et brillants de ce garçon-là ; c’est un extatique.
LE CAPITAINE. Inoffensif peut-être ?
HENRI. Ou des plus dangereux.
LE CAPITAINE. Tâchez de le confesser.
HENRI, à Cadio. Combien as-tu déjà tué de bleus pour contenter Dieu ou le diable ?
CADIO. Tuer ? moi ? Jamais ! je ne saurais pas.
HENRI. Tu avoues pourtant que ta croyance te le commande.
CADIO. Oui ; mais je suis mauvais chrétien, et je n’ai pu obéir.
HENRI. Pourquoi ?
CADIO. Je suis poltron.
HENRI. Tu t’en vantes ? Je ne te crois pas. Ton nom ?
CADIO. Cadio.
HENRI. C’est ton nom de famille ?
CADIO. De famille ? Je n’en ai pas.
HENRI. Tu es un champi ?
CADIO. Il faut croire.
HENRI. Tu as un sobriquet ?
CADIO. Carnac.
HENRI. Tu es de ce pays-là ?
CADIO. Je ne sais pas. On m’a trouvé dans les géantes.