Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/105

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— Oui, oui, repris-je, j’entends fort bien la menace, et je te connais plus que tu ne penses, mon enfant ; tu crois m’avoir tellement séduite que je ne puisse plus voir que les beaux côtés de ton caractère ; mais je suis femme, et j’ai aussi ma finesse. Je t’aime pour tes grandes qualités, mais je vois les grands défauts, je devrais dire le grand défaut, car il n’y en a qu’un ; mais il est effroyable…

— L’orgueil n’est-ce pas ?

— Oui, et je ne m’endors pas sur le danger. C’est une lutte à mort que tu entreprends contre ce chétif révolté que tu crois incapable de résistance. Tu te trompes, il résistera. Il a une force que tu n’as pas : la sagesse de la modestie.

— Tout le contraire du délire de l’orgueil ? Eh bien ! si j’étais aussi effroyable que tu le dis, tu allumerais le feu de ma volonté en me montrant quelqu’un de plus fort que moi, tu me riverais au désir de sa perte ; mais rassure-toi, Pauline, je ne suis pas le grand personnage de drame ou de roman que tu crois. Je suis une femme frivole et sérieuse ; j’aime le pour et le contre. La vengeance me plairait bien, mais le pardon me plaît aussi, et, du moment que tu me demandes grâce pour ton neveu je te promets de ne plus le taquiner.

— Je ne te demande pas de grâce, c’est à moi de t’accorder la tienne pour ce méchant jeu qui n’a pas réussi, mais qui voulait réussir, sauf à faire mon malheur en faisant celui de l’être que j’aime le mieux au monde. Pour cette faute préméditée, lâche par