Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/109

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railleuse, et de là à passer pour une coquette il n’y a qu’un pas.

— Eh bien ! mon père, je ne passerai pas pour une coquette, j’épouserai celui que je choisis.

— Y consentez-vous, mademoiselle de Nermont ? dit M. Dietrich.

— Non, monsieur, répondis-je, je m’y oppose formellement, et, si nous en sommes là, au nom de mon neveu, je refuse.

— Tu ne peux pas refuser en son nom, puisqu’il ne sait rien, s’écria Césarine ; tu n’as pas le droit de disposer de son avenir sans le consulter.

— Je ne le consulterai pas, parce qu’il doit ignorer que vous êtes folle.

— Tu aimes mieux qu’il me croie coquette ? Il pourrait m’adorer, et tu veux qu’il me méprise ? C’est toi, ma Pauline, qui deviens folle. Écoute, papa, j’ai fait une mauvaise action hier, c’est la première de ma vie, il faut que ce soit la dernière. J’ai voulu punir M. Paul de ses dédains pour nous, pour moi particulièrement. Je lui ai fait des avances avec l’intention de le désespérer quand je l’aurais amené à mes pieds. C’est très-mal, je le sais, j’en suis punie ; je me suis brûlée à la flamme que je voulais allumer, j’ai senti l’amour me mordre le cœur jusqu’au sang, et si je n’épouse pas cet homme-là, je n’aimerai plus jamais, je resterai fille.

— Tu resteras fille, tu épouseras, tu feras tout ce que tu voudras, excepté de te compromettre ! Voyons, mademoiselle de Nermont, pourquoi vous opposeriez