Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/14

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et des bals dont parlaient encore les gens de la maison quand je m’y installai. À présent l’on était en deuil, et il n’était pas à présumer que M. Dietrich reprit jamais le brillant train de vie que sa femme avait mené. Il avait des goûts tout différents et ne souhaitait pour société qu’un choix de parents et d’amis ; les grands salons étaient fermés, et, tout en me les montrant à travers l’ombre bleue des rideaux un moment entrouverts, il me dit :

— Cela ne vaut pas la peine d’être regardé par une femme de goût et de bon sens comme vous ; c’est de l’éclat, rien de plus ; ma pauvre chère compagne aimait à montrer que nous étions riches. Je n’ai jamais voulu la priver de ses plaisirs ; mais je ne m’y associais que par complaisance. Je désire que ma fille ait comme moi des goûts modestes, auquel cas je pourrai vieillir tranquille chez moi, — triste consolation au malheur d’être seul, mais dont il m’est permis de profiter.

— Vous ne serez pas seul, lui dis-je, votre fille deviendra votre amie, je suis sûre qu’elle l’est déjà un peu.

— Pas encore, reprit-il ; ma pauvre enfant est trop absorbée par sa propre douleur pour songer beaucoup à la mienne. Espérons qu’elle s’en avisera plus tard.

C’était comme un reproche involontaire à Césarine ; je ne répliquai pas, ne sachant encore rien du caractère et des sentiments de cette jeune fille, que je