Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/140

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sa parole était vulgaire et comme habituée à traduire des notions erronées ou puériles.

On me présenta aussi madame Féron, veuve d’un sous-officier tué en Crimée et jouissant d’une petite pension qui, jointe à son travail de repasseuse de fin, la faisait vivre modestement. Elle aidait Marguerite aux soins de son ménage et promenait l’enfant au Luxembourg, n’acceptant pour compensation à cette perte de temps que la gratuité du loyer. On me montra l’appartement, bien petit, mais prenant beaucoup d’air sur les toits, et tenu avec une exquise propreté. Les deux femmes avaient des chambres séparées, une pièce plus grande leur servait d’atelier et de salon ; la salle à manger et la cuisine étaient microscopiques. Je remarquai un cabinet assez spacieux en revanche, où Paul avait transporté quelques livres, un bureau, un canapé-lit et quelques petits objets d’art.

— Tu travailles donc, même ici ? lui dis-je.

— Quelquefois, quand monsieur mon fils fait des dents et m’empêche de dormir ; mais ce n’est pas pour me donner le luxe d’un cabinet que j’ai loué cette pièce.

— Pourquoi donc ?

— Vous ne devinez pas ?

— Non.

— Eh bien ! c’est pour vous, ma petite tante ; c’est notre plus jolie chambre et la mieux meublée ; elle est tout au fond, et vous pourriez y dormir et y travailler sans entendre le tapage de M. Pierre.

— Tu désires donc que je vienne demeurer avec toi ?