Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/151

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— Pourquoi aujourd’hui ?

— Parce que M. Salvioni, ce noble italien qui me suit partout et que ma tante Helmina protège, m’avait fait hier à l’Opéra une déclaration assez pressante pendant le ballet de la Muette. Il est très-beau, ce descendant des Strozzi. Il a de l’esprit, de la poésie et un petit accent agréable. Il me plairait, si je pouvais l’aimer ; mais j’ai encore pensé à ton neveu et j’ai promis de répondre clairement le surlendemain, c’est-à-dire demain. Il me fallait donc savoir aujourd’hui si tu ne m’avais pas fait un petit conte pour m’endormir. J’ai donc demandé au portier madame Féron, et on m’a fait monter dans un taudis assez propre, où un gros bébé piaillait sur les genoux d’une assez belle créature. Bertrand était monté avec moi, et, comme il n’y a pas d’antichambre dans ces logements-là, il a dû m’attendre sur le carré. Je suis entrée avec aplomb, j’ai demandé madame Paul Gilbert à madame Féron qui m’ouvrait la porte et qui était trop laide et trop vieille pour me faire supposer que ce fût elle. Elle a paru troublée de cette demande, et comme elle hésitait à répondre, Marguerite s’est levée avec son marmot dans les bras, en me disant assez effrontément :

— Madame Paul Gilbert, c’est moi. Qu’est-ce qu’il y a pour votre service ?

— Je croyais trouver ici, ai-je répondu, la tante de M. Gilbert, mademoiselle de Nermont.

— Elle est sortie avec Paul il n’y a pas un quart d’heure.