Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/169

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passion ou dans un dépit qui légitime votre conduite à vos propres yeux, mais qu’il est temps de surmonter, si vous ne voulez l’avouer franchement.

— Eh bien ! je l’avoue franchement, répondit le marquis, poussé à bout par le sang-froid imposant de M. Dietrich. Je me suis conduit comme un espion, comme un misérable. J’ai bu toute la honte de mon rôle, puisque me voici dévoilé ; mais ce n’est pas à monsieur Dietrich de me le reprocher si durement. J’ai fait ce qu’il ne faisait pas, j’ai rempli envers sa fille un devoir que me suggérait mon dévouement pour elle, et que lui ne pouvait remplir parce qu’il ignorait le péril.

M. Dietrich l’interrompit.

— Vous vous trompez, monsieur ; j’étais mieux renseigné que vous ; je savais que dans aucune démarche de ma fille il n’y avait péril pour elle. Je sais maintenant ceci : c’est que vous élevez la prétention de l’empêcher à tout prix de faire choix d’un autre que vous pour son mari ; ce choix, elle ne l’a pas fait, mais elle a le droit de le faire. Me voici pour le maintenir et le faire respecter. Vous savez que j’ai sincèrement regretté de vous voir échouer auprès d’elle ; mais aujourd’hui je ne le regrette plus, voyant que vous manquez de sagesse et de dignité. Je vous le déclare avec l’intention de ne me rétracter en aucune façon, soit que vous me répondiez par des excuses ou par des menaces.

— Vous n’aurez de moi ni l’un ni l’autre, répliqua le marquis ; je sais le respect que je dois à vous et à