Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/175

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un caprice, dites-vous ? Cela devait être. Aussi m’avez-vous traitée comme une fantasque enfant que l’on veut protéger et sauver en dépit d’elle-même. Vous avez pris cela pour un devoir, et vous avez employé tous les moyens pour vous en acquitter. À présent vous découvrez, vous voyez que c’est une passion et que j’en souffre affreusement ; votre devoir change ; il faut me soutenir, me plaindre, me consoler, s’il se peut, il faut m’aimer surtout ! Il faut m’aimer comme une sœur, vous dévouer à moi comme un tendre frère. Ne me causez pas cette douleur atroce de perdre mon meilleur ami au moment où j’en ai le plus besoin.

Et elle lui jeta ses bras au cou en l’embrassant comme elle embrassait M. Dietrich quand elle voulait le vaincre. Elle ne pouvait pas ne pas réussir avec le marquis : il était déjà vaincu.

— Vous me tuez ! lui dit-il, et je baise la main qui me frappe. Ah ! que vous connaissez bien votre empire sur moi, et comme vous en abusez ! Allons, vous triomphez ; que faut-il faire ? Allez-vous me demander d’amener à vos genoux l’ingrat qui vous dédaigne ?

— Ah ! grand Dieu, s’écria-t-elle, il s’agit bien de cela ! S’il se doutait de ma passion, je mourrais de douleur et de honte. Non, vous n’avez rien à faire que de m’accepter éprise d’un autre et de m’aimer assez pour demander pardon à mon père des torts qu’il vous attribue. Il a cru que vous vouliez me perdre par un éclat, faire croire que vous aviez des droits sur moi. Dites-lui la vérité, accusez-moi, expliquez-