Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/178

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génie de femme, et se persuadait opérer le sauvetage des autres en les noyant pour se faire place.

Elle était donc maîtresse de la situation comme toujours. Elle avait amené son père à tout accepter, elle avait paralysé la vengeance du marquis, elle m’avait surprise et troublée au point que je ne trouvais plus de bonnes raisons pour la résistance. Il ne lui restait qu’à vaincre celle de Paul, et, comme elle le disait, l’action était simplifiée. Les forces de sa volonté, n’ayant plus que ce but à atteindre, étaient décuplées.

— Que comptes-tu faire ! lui disais-je ; vas-tu encore le provoquer malgré le mauvais résultat de tes premières avances ?

— J’ai fait une école, répondait-elle, je ne la recommencerai pas. Je m’y prendrai autrement ; je ne sais pas encore comment. J’observerai et j’attendrai l’occasion ; elle se présentera, n’en doute pas. Les choses humaines apportent toujours leur contingent de secours imprévu à la volonté qui guette pour en tirer parti.

Cette fatale occasion vint en effet, mais au milieu de circonstances assez compliquées, qu’il faut reprendre de plus haut.

Marguerite n’avait pas caché à Paul la visite de Césarine, et elle lui avait assez bien décrit la personne pour qu’il lui fût aisé de la reconnaître. Il m’avait fait part de cette démarche bizarre, et je la lui avais expliquée. Il n’était plus possible de lui cacher la vérité. Par le menu, il apprit tout ; mais