Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vague effroi le tiraillait. Il se jeta sur son lit de repos et ne put dormir. Vers minuit, il entendit remuer dans la chambre à coucher, et, pour savoir si l’enfant dormait, il approcha sans bruit de la porte entr’ouverte. Il vit Marguerite assise devant une table et faisant briller quelque chose d’étincelant à la lueur de sa petite lampe. La pauvre enfant n’avait pu dormir non plus, le feu des diamants brûlait son cerveau. Elle avait voulu savourer l’éclat de sa bague avant de s’en séparer, elle lui disait naïvement adieu, au moment de la renfermer dans l’écrin, quand Paul, qui était arrivé auprès d’elle sans qu’elle l’entendit, la lui arracha des mains pour la regarder. Elle jeta un cri d’épouvante.

— Tais-toi, lui dit Paul à voix basse, ne réveille pas l’enfant ! Suis-moi dans le cabinet ; s’il remue, nous l’entendrons. Écoute, lui dit-il quand il l’eut amenée, stupéfaite et glacée, dans la pièce voisine, je ne veux pas te gronder. Tu es aussi niaise qu’une petite fille de sept ans. Ne me réponds pas, n’élève pas la voix. Il faut avant tout que notre enfant dorme. Pourquoi es-tu si consternée ? Ce que tu as fait n’est pas si grave, je me charge de renvoyer ce bibelot à la personne qui te l’a donné. Tu savais fort bien que tu ne dois rien recevoir que de moi, et tu ne le feras plus, à moins que tu ne veuilles me quitter.

— Te quitter, moi ? dit-elle en sanglotant, jamais ! C’est donc toi qui veux me chasser ? Alors rends-moi ma bague ; tu ne veux pas que je meure de faim ?

— Marguerite, tu es folle. Je ne veux pas te quitter,