Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mais je veux que tu fasses respecter la protection que je t’assure. Je ne veux pas que tu reçoives de présents ; je ne veux pas surtout que tu en ailles chercher.

— Je n’ai pas été chez lui, je te le jure ! s’écria Marguerite, qui avait perdu la tête et ne s’apercevait pas de la méprise de Paul.

Chez lui ? dit-il avec surprise ; qui, lui ?

— Mademoiselle Dietrich ! répondit-elle, s’avisant trop tard du mensonge qui pouvait la sauver.

— Pourquoi as-tu dit lui ? je veux le savoir.

— Je n’ai pas dit lui… ou c’est que tu me rends folle avec ton air fâché.

— Marguerite, tu ne sais pas mentir, tu n’as jamais menti ; une seule chose, une chose immense, m’a lié à toi pour la vie, ta sincérité. Ne joue pas avec cela, ou nous sommes perdus tous deux. Pourquoi as-tu dit lui au lieu d’elle ? réponds, je le veux.

Marguerite ne sut pas résister à cet appel suprême. Elle tomba aux pieds de Paul ; elle confessa tout, elle raconta tous les détails, elle montra la lettre du marquis, l’acte de vente simulée, c’est-à-dire de donation ; elle voulut le déchirer. Paul l’en empêcha. Il s’empara des papiers et de l’écrin, et, voyant qu’elle se tordait dans des convulsions de douleur, il la releva et lui parla doucement.

— Calme-toi, lui dit-il, et console-toi. Je te pardonne. Tu as mal raisonné l’amour maternel ; tu n’as pas compris l’injure que tu me faisais. C’est la première