Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/201

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fois que j’ai un reproche à te faire ; ce sera la dernière, n’est-ce pas ?

— Oh oui ! par exemple, j’aimerais mieux mourir…

— Ne me parle pas de mourir, tu ne t’appartiens pas ; va dormir, demain nous causerons plus tranquillement.

Paul se remit à son bureau, et il m’écrivit la lettre suivante :

« Demain, quand tu recevras cette lettre, ma tante chérie, j’aurai tué le prétendu Jules Morin ou il m’aura tué, — tu sais qui il est et où Marguerite l’a rencontré ce matin ; mais ce que tu ignores, c’est qu’il avait fait accepter tantôt à Marguerite des moyens d’existence, avec la prévision, énoncée par écrit, que cette considération me déciderait à l’épouser. J’ignore si c’est une provocation ou une impertinence bête, et si mademoiselle Dietrich est pour quelque chose dans cette intrigue. Je croirais volontiers qu’elle a, je ne sais dans quel dessein, provoqué la rencontre de Marguerite avec son séducteur. Quoi qu’il en soit, si Dieu me vient en aide, car ma cause est juste, j’aurai bientôt privé mademoiselle Dietrich de son cavalier servant, et j’aurai lavé la tache qu’il a imprimée à ma pauvre compagne. Lui vivant, je ne pouvais l’adopter légalement sans te faire rougir devant lui ; mort, il te semblera, comme à moi, qu’il n’a jamais existé, et j’aurai purgé l’hypothèque qu’il avait prise sur mon honneur. Si la chance est contre moi, tu recevras cette lettre qui est mon testament Je te lègue et te confie mon fils ; remets-lui le peu