Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

» — Vous voulez que j’aille le lui demander tout de suite ?

» Il a fait de la main un oui impatient, et me voici ; mais, pour fixer votre esprit dans cette situation difficile, je vous ai apporté la consultation signée des autorités de la science. Vous voyez que le malheureux est condamné, et qu’en acceptant l’offre suprême du pauvre Jacques, vous ne risquez pas de devenir sa femme autrement que devant la Loi.

» J’ai demandé à M. de Valbonne pourquoi Jacques avait ce désir étrange de me donner son nom. Quant à sa fortune, ajoutai-je, je n’en voulais pas frustrer sa famille, étant bien assez riche par moi-même, et le titre de madame et de marquise n’avait aucun lustre à mes yeux de fille émancipée, de bourgeoise satisfaite de ses origines.

« — Vous avez tort de dédaigner les avantages que le monde prise au premier chef, a repris l’ami de Jacques, vous aimez l’indépendance, l’éclat et le pouvoir. Votre importance actuelle, qui est considérable, sera décuplée par la position qui vous est offerte.

» — Ce n’est pas de cela qu’il faut me parler ; c’est du bien que je peux faire à notre pauvre ami. Vous connaissez toutes ses pensées. Il prétendait devant moi n’être pas sensible au ridicule de sa position d’aspirant perpétuel ; il me trompait peut-être ?

» — Il y était cruellement sensible. La vivacité de sa souffrance vous montre la persistance de sa passion. J’ai la certitude que sa mort serait adoucie par la réparation