Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/265

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— Il y a vous toujours, et vous en valez cent.

— Fort aimable ; mais vous ne pouvez pas être jalouse de moi ?

Marguerite regarda la marquise en face avec une sorte de terreur, puis elle se courba sous le regard limpide et profond qu’elle interrogeait. Elle se mit aux genoux de Césarine, prit ses mains et les baisa.

— Ma belle marquise, lui dit-elle, vous savez que vous êtes mon bon dieu sur la terre. Vous m’avez fait marier, car c’est à vous que je dois ça, j’en suis sûre. Je vous dois la vie de mon enfant et aussi sa beauté, car sans vous il aurait été défiguré. Quand je pense quels soins vous avez pris de lui sans être dégoûtée de ce mal abominable, sans crainte de le prendre, sans me permettre d’y toucher, sans vous soucier de vous-même à force de vous soucier des autres ! Oui, bien sûr, vous êtes l’ange gardien, et je ne pourrai jamais vous dire comme je vous aime ; mais tout ça ne m’empêche pas d’être jalouse de vous. Est-ce que ça peut être autrement ? Vous avez tout pour vous, et je n’ai rien. Vous êtes restée belle comme à seize ans, et moi, plus jeune que vous, me voilà déjà fanée ; je sens que je me courbe comme une vieille, tandis que vous vous redressez comme un peuplier au printemps. Vous avez, pour vous rendre toujours plus jolie, des toilettes qui ne me serviraient de rien, à moi ! Quand même je les aurais, je ne saurais pas les porter. Quand je mets un pauvre bout de ruban dans mes cheveux pour paraître mieux coiffée, Paul me l’ôte en me disant :