Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/279

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Césarine s’attendait à voir revenir Paul le soir même. Il ne revint pas, et, quelque sincère que fût le repentir de Marguerite, il ne reparut à l’hôtel Dietrich que rarement et pour échanger quelques paroles à propos du livre dont les premières épreuves étaient tirées. Il approuvait les changements que l’auteur y avait faits, mais il ne me cachait pas que ces améliorations ne réalisaient point ce qu’il avait attendu d’une refonte totale de l’ouvrage. Césarine n’avait pas atteint, selon lui, le complet développement de sa lucidité. Il n’osait pas l’engager à recommencer encore, et, comme je lui reprochais de manquer à sa probité littéraire accoutumée, il me répondit :

— Je ne crois pas y manquer, je ne vois pas pourquoi la marquise de Rivonnière serait obligée de faire un chef-d’œuvre ; c’est ma faute de m’être imaginé qu’elle en était capable. Ce qu’elle m’a demandé, je l’ai fait ; j’ai dit mon opinion, j’ai signalé les endroits mauvais, les endroits excellents, les endroits faibles. J’ai discuté avec elle, je lui ai indiqué les sources d’instruction et les sujets de réflexion. Ce qu’elle désirait, disait-elle, c’était de faire un travail très-lisible et un peu profitable ; elle est arrivée à ce but. Je suis convaincu encore qu’avec plus de maturité elle arriverait à un résultat vraiment sérieux ; mais son entourage ne lui en demande pas tant ; elle se fait illusion sur le mérite de son œuvre, comme il arrive à tous ceux qui écrivent, ou bien elle est douée d’une extrême modestie et se contente d’un médiocre effet.