Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/302

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— Sachez, monsieur, qu’elle n’était pas lasse de porter le mien, et rappelez-vous qu’elle n’a pas voulu accepter la fortune de son mari.

— Elle l’aura quand même, elle en jouira du moins, car elle y a droit, elle est sa femme ; rien ne peut l’empêcher de l’être, et la loi l’y contraint.

— Vous parlez de moi, dit Césarine, qui entrait chez son père et qui entendit les derniers mots. Je suis bien aise de savoir votre opinion, monsieur de Valbonne, et de vous dire, en guise de salut de bienvenue, que ce ne sera jamais la mienne.

M. de Valbonne s’expliqua, et, la rassurant de son mieux sur la loyauté du marquis, il exprima librement son opinion personnelle sur la situation délicate où l’on se trouvait. Si Césarine m’a bien rapporté ses paroles, il y mit peu de délicatesse et la blessa cruellement en lui faisant entendre qu’elle devait abjurer toute autre affection secrète, si pure qu’elle pût être, pour rendre l’espoir, le repos et la raison à l’homme dont elle s’était jouée trop longtemps et trop cruellement.

Il s’ensuivit une discussion très-amère et très-vive que M. Dietrich voulut en vain apaiser ; Césarine rappela au vicomte qu’il avait prétendu à lui plaire, et qu’elle l’avait refusé. Depuis ce jour, il l’avait haïe, disait-elle, et son dévoûment pour Jacques de Rivonnière couvrait un atroce sentiment de vengeance. La querelle s’envenimait lorsque Bertrand entra pour demander si l’on avait vu le marquis. Il l’avait introduit dans le grand salon, où le marquis lui avait dit avec beaucoup de calme vouloir attendre madame la