Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/308

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tomber foudroyé ; puis j’ai résisté, je me suis raillé moi-même, et cela s’est dissipé comme toutes les vaines fumées qu’un cerveau de vingt-cinq ans peut fort bien exhaler sans danger d’éclater. Ne me dites rien, ma tante, je ne suis pas un héros, encore moins un martyr ; je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger, comme porte la consigne du sage : aussi la prudence, le point d’honneur, le respect de moi-même, me sont-ils aussi familiers que les émotions de la jeunesse. Je donne la préférence à ce qui est bien sur ce qui ne serait qu’agréable. Le devoir avant le plaisir, toujours ! et, grâce à ce système, tout devoir me devient doux… À présent parlons de Marguerite, ma bonne tante ; cela me touche, me pénètre et m’intéresse beaucoup plus. Elle n’est pas bien et m’inquiète chaque jour davantage. On dirait qu’elle me cache encore quelque chose qui la fait souffrir, et que je cherche en vain à deviner. Venez la voir un de ces jours, je vous laisserai ensemble et vous tâcherez de la confesser. Je m’en retourne auprès d’elle. Puis-je boire le verre d’eau qui est là ? Cela achèvera de me remettre.

Il prit le verre, puis, se souvenant que Césarine agitée y avait trempé ses lèvres, il le reposa et en prit un autre sur le plateau en disant avec un sourire demi-amer, demi-enjoué :

— Je n’ai pas besoin de savoir sa pensée, je la sais de reste.

— Tu crois la connaître ?

— Je l’ai connue, puis je m’y suis trompé. Après