Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/313

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égale et forte ; il dormait profondément, Dubois vint nous trouver.

— M. le marquis est sauvé, nous dit-il. Il n’a pas encore conscience du bien que vous lui avez fait ; mais il l’éprouve, son accès a été plus court et plus doux de moitié que les autres jours ; continuez, et vous verrez qu’il ira de mieux en mieux ; c’est le chagrin qui l’a brisé, le bonheur le guérira, je n’en doute plus.

M. Dietrich lui demanda si c’était la première fois que le marquis avait une vague conscience de ses emportements.

— Oui, monsieur, c’est la première fois, vous voyez que son bon cœur se réveille, et comme il m’a embrassé, le pauvre enfant ! C’est comme quand il était petit.

Il était quatre heures du matin, Dubois avait fait préparer pour nous l’appartement qu’occupait madame de Montherme lorsqu’elle venait soigner son frère ; elle ignorait son retour, et passait l’été à Rouen, où son mari avait des intérêts à surveiller.

Nous prîmes donc du repos, et nous pûmes assister en quelque sorte au réveil du marquis en nous tenant dans la pièce d’où nous l’avions écouté durant la nuit. Il éveilla Dubois à neuf heures, et se jetant à son cou :

— Mon ami, lui dit-il, je me souviens d’hier, j’ai été bien cruellement éprouvé ! J’ai appris que j’étais fou et que ma femme avait peur de moi ; mais ensuite elle est venue au moment où de sang-froid j’étais résolu à me faire sauter la cervelle. Elle a été bonne comme un ange, son père excellent ; ils n’ont