Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/40

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d’amusement, mais je n’ai pas quitté Césarine d’un instant, et je me suis retirée la dernière. Si vous me trouvez debout, c’est que je n’ai pas dormi. J’avais du souci en songeant qu’on vous cacherait cette petite fête et en me demandant si je devais me taire ou faire l’office humiliant de délateur. Nous voici, monsieur Dietrich, dans des circonstances que je n’ai pu prévoir et aux prises avec des obligations qui n’ont jamais été définies. Que dois-je faire à l’avenir ? Je ne crois pas possible d’imposer mon autorité, et je n’accepterais pas le rôle désagréable de pédagogue trouble-fête ; mais celui d’espion m’est encore plus antipathique, et je vous prie de ne pas tenter de me l’imposer.

— Je ne vois rien d’embrouillé dans les devoirs que vous voulez bien accepter, reprit-il. Vous ne pouvez rien empêcher, je le sais ; vous ne voulez rien trahir, je le comprends ; mais vous pouvez user de votre ascendant pour détourner Césarine de ses entraînements. N’avez-vous rien trouvé à lui dire pour la faire réfléchir, ou bien vous a-t-elle ouvertement résisté ?

— Je puis heureusement vous dire mot pour mot ce qui s’est passé. Césarine n’a rien provoqué, elle a laissé faire. Je lui ai dit à l’oreille :

» — C’est trop tôt, votre père blâmera peut-être.

» Elle m’a répondu :

» — Vous avez raison ; c’est probable.

» Elle a voulu avertir ses compagnes, elle ne l’a pas fait. Au moment où la danse tournoyait dans le petit