Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/78

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avantage, et sans permettre le moindre blâme à ses victimes.

— Alors pourquoi êtes-vous brouillés ?

— Je suis brouillé, moi, avec l’espérance de lui plaire et le courage de le tenter. Un moment je me suis fait illusion en voyant qu’elle travaillait à me faire place dans son intimité. Elle m’offrait d’être son ami, et j’ai été assez fat pour me persuader qu’une personne comme elle n’accorderait pas ce titre à un prétendant destiné à échouer comme un autre. J’ai laissé voir ma sotte confiance, elle m’en a raillé en me disant qu’elle rentrait dans le monde et qu’il ne tenait qu’à moi de l’y rejoindre. Cette fois j’ai eu du chagrin, j’ai eu le cœur blessé, j’ai renoncé à elle, vous pouvez le lui dire.

— Elle ne le croira pas ; je ne le crois pas beaucoup non plus.

— Eh bien ! sachez que j’ai mis un obstacle, une faute, entre elle et moi. Je me suis jeté dans une aventure stupide,… coupable même, mais qui m’étourdit, m’absorbe et m’empêche de réfléchir. Cela vaut mieux que de devenir fou ou de s’avilir dans l’esclavage. Voilà ma confession faite ; ce soir, vous aurez les lettres. Je m’en retourne de ce pas à la campagne, où je cache mes folles amours, à deux lieues de Paris, tandis que ma famille et mes amis me croient parti pour la Suisse.

Je reçus effectivement le soir même un petit paquet soigneusement cacheté, que j’allai déposer dans le bureau de laque de Césarine. Elle eût été fort blessée