Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/96

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— Laissez-la, ma tante, laissez-la s’en aller, me dit-il dès qu’elle fut sortie du bosquet.

Et reprenant avec moi, sous le coup de l’émotion, le tutoiement de son enfance :

— Je te jure, s’écria-t-il, que cette fille est insensée ou méchante. Elle est habituée à tout dominer, elle veut mettre son pied mignon sur toutes les têtes !

— Non, lui dis-je, elle est bonne. C’est une enfant gâtée, un peu coquette, voilà tout. Qu’est-ce que cela te fait ?

— C’est vrai, ma tante, qu’est-ce que cela me fait ?

— Pourquoi trembles-tu ?

— Je ne sais pas. Est-ce que je tremble ?

— Tu es aussi en colère qu’elle. Voyons, que s’est-il passé ? que te disait-elle quand je suis arrivée ? T’avait-elle donné réellement rendez-vous ici ?

— Oui, un domestique m’avait remis, au moment où j’allais me retirer, car je ne compte point passer la nuit au bal, un petit carré de papier… L’ai-je perdu ?… Non, le voici ; regarde : « Dans la petite galerie arrangée en bosquet, au pied du plus grand vase, sous le plus grand arbuste, tout de suite. » Est-ce toi, marraine, qui as écrit cela ?

— Nullement, mais on peut s’y tromper. Césarine avait une mauvaise écriture quand je suis entrée dans la maison. Elle a trouvé la mienne à son gré, et l’a si longtemps copiée qu’elle en est venue à l’imiter complètement.

— Alors c’est bien elle qui me donnait ce rendez-vous, ou, pour mieux dire, cette sommation de comparaître