Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fichus neufs pour se faire une cravate, il passait la journée à faire et refaire son nœud avec une gaieté folle. Aussi aspirait-il au jour où il aurait un tailleur à lui, ou un uniforme quelconque. Il aimait la jolie tournure des jeunes marins, et ma grand’mère eût désiré qu’il suivît cette carrière, dans laquelle son mari et d’autres membres de sa famille s’étaient distingués ; mais Marius ne mordait pas aux mathématiques et il avait pour la mer une aversion prononcée. Il eût voulu être marin sans jamais s’embarquer.

— Alors, lui disais-je, tu veux être dans l’armée de terre ?

— Oui, répondait-il. Il faut que je sois dans les hussards ou dans les chasseurs ; il n’y a que ça de joli.

— Mais tu n’as pas l’âge pour être soldat ?

— Je ne serai pas soldat ; je veux être officier, je suis gentilhomme.

— Alors M. Frumence dit qu’il faut entrer dans une école militaire où on apprend les mathématiques, et il dit aussi que tu ne les apprendras jamais, si tu ne les étudies pas.

Nous en restions là, car Marius ne voulait ou ne pouvait rien apprendre. Le plus grand effort dont il fût capable, c’était d’avoir l’air d’écouter Frumence et de suivre attentivement ses démonstra-