Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bonne maman quelque chose d’extraordinairement beau sur le compte de notre nouvelle gouvernante, et l’espèce de mystère qui entourait cette révélation augmenta l’estime et la sympathie que j’éprouvais déjà.

Dès le soir même, madame Jennie Guillaume — c’est sous ce nom qu’elle fut établie chez nous — entra en fonction sans vouloir se reposer du voyage et sans paraître fatiguée. Je ne sais si dans sa lettre Frumence l’avait initiée à nos habitudes et à nos caractères ; il est certain qu’elle dirigea notre souper comme si elle n’eût fait autre chose de sa vie. Ma grand’mère eût voulu, je crois, la décider à manger avec nous ; mais elle ne parut pas vouloir accepter cette distinction, et dès le principe elle se mit sur le pied d’une humble femme de charge de campagne, commandant aux domestiques en vertu de son mandat, mais s’assimilant à eux en dehors de ses fonctions.

Ah ! ma noble et grande Jennie, quelle amie, quelle véritable mère je devais trouver en vous ! C’est à vous que je dois tout ce que je puis avoir de généreux dans l’âme et de courageux dans le caractère.

Elle n’était pas expansive et caressante comme Denise. Sa petite taille ne se courbait pas à tout propos, ses yeux n’étaient pas des fontaines de