Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/133

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— Ta bonne maman m’en donnera jusqu’à ce que j’en gagne ; mais elle n’est pas bien riche, et on ne donne presque rien à un jeune homme, on prétend qu’il ferait des folies. C’est pourquoi on me défrayera de tout jusqu’à nouvel ordre, et on me mettra, comme aujourd’hui, vingt francs dans la poche, en me disant ; « Va, mon petit, amuse-toi bien ! »

Nous fûmes interrompus par Frumence, qui nous cherchait pour nous faire ses adieux.

— M. Marius nous quitte, me dit-il, et ce n’est plus un précepteur qu’il vous faut, mademoiselle Lucienne, c’est une gouvernante. Madame votre grand’mère a compris cela, et m’a autorisé à me retirer. Je cesse à regret les leçons que j’avais le plaisir de vous donner et que vous preniez si bien ; mais, d’un autre côté, mon oncle trouvait les journées bien longues, et il a besoin de moi pour l’aider à traduire un gros ouvrage classique. J’aurai l’honneur de venir quelquefois le dimanche présenter mon respect à madame de Valangis, et j’espère que si, de votre côté, vous venez vous promener quelquefois aux Pommets, mon oncle aura l’honneur de vous recevoir.

Tel fut l’adieu simple et tranquille de Frumence. J’étais si surprise et si émue de cette résolution inattendue, que je ne sus lui rien dire. Il vit seu-