Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/15

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aussi vite que possible. Les chevaux désappointés ne payèrent pas de zèle. Le pauvre homme cassa son fouet, ce qui n’avança pas les affaires. La vieille dame, s’imaginant qu’elle pourrait courir, se fit descendre ; le cocher, frappant à tour de bras du manche de son fouet, la devança. La nourrice, à peine revenue à elle, se traîna comme elle put sur les traces de la grand’mère : pas un passant sur la route poudreuse, pas une trace que la brise, toujours forte en ces contrées, n’eût effacée déjà. Quelques paysans, occupés à une certaine distance, accoururent au cri des femmes, et se mirent à la recherche en se lamentant. Le plus diligent fut encore le cocher qui s’attendait avec horreur à retrouver l’enfant écrasé dans une ornière et qui sanglotait comme un brave homme, tout en jurant comme un païen.

Mais quoi ! rien, pas d’enfant écrasé, pas un débris, pas un chiffon, pas une goutte de sang, pas un vestige, pas un indice sur ce chemin désert et muet ! Il y a par là de grands moulins, anciennes dépendances monacales, situés à deux ou trois lieues les uns des autres, le long du torrent de la Dardenne. Le cocher appela, questionna, tâcha de savoir, en se frappant la poitrine, en quel endroit il s’était endormi. Personne ne put le lui dire ; on était si habitué à le voir dormir sur son siége ! On