Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/156

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— Je ne veux pas qu’elle ait du chagrin ; mais, toi, Jennie, puisque lu ne m’es rien, cela t’est bien égal que je sois la fausse ou la vraie ?

— Oh ! moi, cela ne me regarde pas. Soyez ce que vous voudrez, je ne vous aime ni plus ni moins.

— Alors, c’est toi qui m’aimes plus que tout le monde ; car peut-être bien que les autres, ma bonne maman elle-même, ne me regarderaient plus si je n’étais pas mademoiselle de Valangis. Pourtant ce ne serait pas ma faute.

Nous arrivions. Jennie, voyant travailler ma cervelle, se hâta de raconter notre maussade aventure à ma grand’mère afin qu’elle me tranquillisât. Ce fut bientôt fait. J’avais un grand respect pour l’air calme et sérieux de ma bonne maman.

— Soyez sûre, ma fille, me dit-elle, que vous m’appartenez, et que votre pauvre nourrice ne sait ce qu’elle dit. Plaignez-la et oubliez ses paroles. Respectez et chérissez Jennie autant que moi-même, je le veux bien ; mais sachez que vous n’avez pas d’autre mère que moi. Quant à votre papa, dont vous vous plaignez un peu, songez qu’il vous a à peine connue, qu’il n’a pas été libre de vous venir voir dans le temps, et qu’à présent il a une autre femme et d’autres enfants dont il est forcé de s’occuper. Il sait que vous êtes bien