Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/172

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murs extérieurs était garni de câpriers en fleur, et, soit dit en passant, ces fleurs-là sont des plus belles qui existent. Le jardin était cultivé, les arbres fruitiers étaient bien taillés, les jujubiers donnaient de l’ombre, les lentisques envahissants étaient refoulés en haie, et, dans un massif de plantes choisies, les scilles péruviennes et les ornithogales d’Arabie servaient de corbeille à un magnifique bouquet de cette mélianthe gigantesque qu’on appelle, à cause de la découpure de ses feuilles, pimprenelle d’Afrique.

— Vous voyez, mademoiselle Lucienne, me dit Frumence en nous faisant traverser son parterre, que je suis devenu jardinier à Bellombre. Toutes mes graines viennent de chez vous. Ceci est moins riche que votre enclos, mais la vue est presque aussi belle. Vous avez d’ici la mer aussi bleue, et le vieux fort abandonné qui est là sur le plus proche versant de la montagne ne fait pas trop mauvais effet.

Et, tandis qu’Agar ouvrait son portefeuille et se hâtait de croquer le fort, Frumence me conduisit à sa grande chambre de travail, où je trouvai les papiers et les livres amoncelés sur un bout de la table. L’autre bout était orné d’une grosse nappe blanche, et, sur des assiettes de terre du pays, d’un rouge étrusque, il y avait des œufs frais, de