Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/195

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chemin du Revest, et puis plus loin, et puis un peu partout ; et enfin, comme je n’avais plus de prétexte pour me dispenser de la messe, et que ma bonne maman y tenait toujours, je repris le sentier des Pommets et les entretiens du dimanche.

Tout allait bien, je ne m’ennuyais plus, la solitude ne m’était plus dangereuse, je prenais le goût de l’indépendance et de l’activité sans chercher trop avidement le but de ma vie et l’emploi de mes forces. Frumence formait mon esprit et dirigeait mes pensées avec beaucoup d’intelligence et de délicatesse. Il n’était pas resté longtemps sans s’apercevoir que j’avais un peu posé devant lui, que je n’étais pas si troublée et si intéressante qu’il l’avait cru d’abord. Il me trouvait facile à guérir, et, son optimisme aidant, il me rêvait un avenir de raison et de bonheur. J’entrais dans ma dix-huitième année, et il n’y avait pas encore eu de tempête dans mon cerveau. Un incident fortuit souleva l’ouragan, et par la main même du sage Frumence.