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XXVII


J’ai trop d’instincts religieux, et l’on m’a enseigné trop de philosophie rationnelle pour que je croie à une aveugle fatalité. Celle qui semble présider parfois aux destinées humaines est l’œuvre de notre imagination ; car nous nous précipitons nous-mêmes dans les chimériques dangers qu’elle nous crée.

L’imperceptible événement que je vais raconter devait, par la faute de mon orgueil, avoir des suites funestes. Cet orgueil ne fut pas seulement le trouble et le tourment de ma jeunesse, il faillit coûter la vie à la personne que j’aimais le mieux par un contre-coup tardif, mais profond et lentement creusé. Aujourd’hui même, la confession que je m’impose peut mettre un invincible obstacle à la confiance que mon caractère prétendait inspirer. N’importe, je dirai tout avec la dernière rigueur.

Dans un des cahiers d’extraits sérieux que Frumence faisait pour moi, je trouvai, un dimanche soir, un feuillet d’un autre format que le cahier et d’une écriture plus serrée, plus rapide et moins