Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/20

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Deux amis intimes, le médecin et l’avocat de la famille, furent seuls admis à voir Lucienne un instant, et voici ce que leur déclara la grand’mère : Une personne qu’elle ne nommait pas, et dont elle ne voulait même pas dire le sexe, l’avait fait prier de descendre à la Salle verte, un endroit du parc situé dans une sorte de précipice au-dessous du manoir. Là, on lui avait fait jurer de ne jamais dire un mot qui pût mettre sur la trace des coupables. À ce prix, on lui rendrait son enfant et on lui prouverait son identité. Madame de Valangis avait juré sur l’Évangile. On lui avait alors raconté des choses qui ne lui laissaient pas le moindre doute sur l’identité de sa petite-fille, et, la nuit suivante, dans ce même lieu appelé la Salle verte, on la lui avait ramenée sans vouloir accepter ni récompense ni dédommagement d’aucune sorte des bons soins qu’on avait pris d’elle durant quatre ans et du voyage que l’on avait fait pour la ramener. Il ne fallait donc pas adresser d’inutiles questions à madame de Valangis, ni espérer qu’elle violerait jamais son serment. Elle déclarait, en outre, que l’enfant, parlant une langue étrangère qui pourrait trahir le lieu d’où elle venait, on ne la verrait que lorsqu’elle l’aurait oubliée.

L’avocat, M. Barthez, fit observer à madame de Valangis que les précautions dont on l’obligeait à