Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

oncle et vous de dire la messe sans y croire. J’avais oublié tout cela ;… mais…

— Mais vous y avez pensé, vous vous l’êtes rappelé aujourd’hui ?

— Eh bien, oui. Je vous ai dit ce qui me passait par la tête. Vous ai-je fâché, monsieur Frumence ?

— Pas le moins du monde. Et moi, vous ai-je jamais blessée par mon maintien à l’église ?

— Non ; mais…

— Mais quoi ?

— Je me demande pourquoi vous faites une chose à laquelle vous ne croyez pas.

— Supposons que…

— Je ne veux pas supposer. Je veux que vous me disiez si vous croyez en Dieu et si vous méprisez son culte.

— Je crois que tout culte a du bon, que toute croyance a du vrai, et je ne méprise aucune forme de religion dans le présent comme dans le passé.

— C’est-à-dire que vous ne croyez à rien ?

— Vous tenez donc absolument à le savoir, mademoiselle Lucienne ? Qu’est-ce que cela peut vous faire ?

— Mais… je m’intéresse à vous, monsieur Frumence. Je vous estime, je crois que l’abbé est un homme respectable, et l’idée d’un sacrilège…

— Un homme qui ne croirait pas au miracle