Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/211

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en quels termes je lui accordai la continuation de ma confiance, mais je persistai à croire que je devais l’arracher à l’athéisme.

— Ne fût-ce que pour votre bonheur, ajoutai-je, ce doute absolu où vous vous complaisez, je le vois bien, me paraît effrayant.

— Vraiment ? me dit-il avec un sourire caressant qui était l’expression la plus marquée de sa physionomie, habituellement pensive. Vous vous inquiétez de mon bonheur en ce monde et en l’autre ?

— Ne parlons que de celui-ci, puisque c’est le seul auquel vous croyez. Si une peine amère, une douleur secrète s’emparaient de vous, quel serait votre refuge ?

— L’amitié de mon semblable, répondit-il sans hésiter. Lui seul pourrait compatir à mes faiblesses et m’aider dans mes angoisses. Dieu, s’il m’était permis de l’interroger, et s’il daignait me répondre, me dirait : « Ta peine est une loi de ton existence. Cherche ton appui dans ceux qui subissent la même loi, et cherche-le en toi-même, si tes semblables n’y peuvent rien. »

Il me sembla que Frumence entrait enfin dans la question, et que je commençais à lire dans sa pensée.

— Je le vois bien, lui dis-je, vous êtes très-fort