Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/256

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— Est-ce donc la peine de vivre ?

Le mal s’aggravant, je fis un véritable effort de courage : je résolus de me priver des leçons et des entretiens de Frumence. J’y fus aidée par le départ de Galathée, à qui Marius, cédant à mes prières, voulut enfin parler raison, Frumence lui-même commençait à s’apercevoir de l’amour de cette fille et à s’en montrer très-importuné. Marius se chargea de la dissuader et de la sermonner. Prise au sérieux pour la première fois, c’est alors qu’elle se crut trahie et raillée. Elle nous fit une scène de désespoir et s’en alla toute seule, un beau matin, retrouver sa mère, qui la gronda et nous la ramena le soir même. Jennie fut forcée de faire pressentir la vérité. Madame Capeforte ne montra pas sa colère, elle remercia humblement Jennie de ses bons avis, et Marius des bontés qu’il avait eues pour « sa pauvre enfant trop candide. » Elle s’en alla, nous bénissant tous, mais profondément humiliée, et nous jurant une haine implacable.

Je saisis l’occasion pour déclarer à Jennie que je ne croyais pas devoir continuer à me rendre aux Pommets le dimanche, il me paraissait probable, que Galathée, dans quelque accès d’idiotisme avouerait à sa mère combien elle était jalouse des « préférences » de Frumence pour moi, et dès lors madame Capeforte mettrait sur mon compte