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dans le jour des moments où les livres les plus attachants me tombaient des mains comme s’ils eussent pesé autant qu’une montagne ; à la promenade, il me prenait des envies furieuses de franchir des abîmes ou de me jeter sur l’herbe et de sangloter. La nuit, je voyais un spectre sans figure et sans nom se pencher sur mon épaule et m’arracher la plume des mains. Ce fantôme s’attachait à moi, je l’entendais me dire à l’oreille : « Prends garde ! entre le chemin que tu suivais autrefois et celui qu’il faudrait prendre aujourd’hui, il y a un abîme, un chemin qui ne conduit à rien. »

Un jour vint où je me sentis si effrayée de cette obsession, que j’espérai m’en délivrer en me jetant dans les bras de Marius : c’était le vertige de l’impasse.




XXXIV


Il avait rompu son amourette à Toulon, et il redevenait assidu chez nous. Cette petite campagne dans le monde de l’émotion ne l’avait pas changé d’un iota ; il me disait comme auparavant, comme