Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tout en noir. Marius était comme une âme en peine entre ces deux anges inspirateurs, et tout son sang-froid ne réussissait pas à me cacher les perplexités de son esprit. Pour la première fois depuis le triste événement qui avait tout remis en question, j’eus envie de rire et de railler un peu la figure irrésolue et inquiète de mon cousin. Je vis bien qu’il me devinait et qu’il était piqué de plus en plus. J’aurais voulu qu’il me prît sérieusement en grippe. Il ne put s’y décider.

Quand il fut parti, je pleurai amèrement en disant à Jennie tout ce que j’avais sur le cœur. Jusque-là, soit par fierté, soit par courage, je le lui avais caché.

— Je ne sais pas si vous vous trompez sur le caractère de cet enfant, me répondit-elle avec son bon sens toujours empreint d’une certaine profondeur de vues ; tout le monde a de grands défauts, et l’amitié consiste à ne pas les voir. Moi, je voyais bien ceux de Marius ; mais je vous croyais aveugle, et je ne les voyais pas sans remède. Je me disais qu’avec vos yeux fermés vous le corrigeriez. On ne corrige les gens qu’en les aimant. Voilà que vous ne l’aimez pas ou que vous ne l’aimez plus, puisque vous le jugez. Il ne faut pas l’épouser.

— Comment faire, Jennie, si je conserve ma fortune ?