Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/316

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donc le vif de la question, et, avant de l’attaquer, je supplie mademoiselle ici présente de ne voir aucun manque de déférence dans ma réserve sur la question du nom qu’elle porte. Vous le savez déjà, monsieur, je n’ai encore ici que des intentions conciliantes, et je n’aurais pas accepté une mission qui pouvait me devenir pénible, si je n’eusse été autorisé à porter avant tout des paroles de paix.

— Je suis donc en guerre avec la famille de mon père ? demandai-je avec effort.

— Heureusement non, jusqu’à présent, et il ne tiendra qu’à vous et à vos conseils de ne pas la laisser déclarer.

Il fit une pause, me regarda en face, et, se levant, avec un peu d’emphase dans la douceur de son accent :

— Mademoiselle Lucienne, reprit-il, hélas ! vous ne vous appelez peut-être pas même Lucienne : c’était le nom de baptême de la fille du premier mariage du marquis de Valangis, et rien ne prouve, rien ne pourra peut-être jamais prouver que vous soyez cette fille. Un mystère que je crois impénétrable enveloppe votre existence. La famille dont je représente les intentions ne voit et ne veut voir en vous qu’un enfant supposé. Mon opinion personnelle à cet égard est assez conforme à la sienne,