Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/39

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que j’étais dans le jardin, Frumence raconta tout ce que j’ai su depuis. À l’époque où il fut trouvé par le curé, celui-ci avait une petite cure moins mauvaise, du côté de Pierrefeu. Personne dans la paroisse ne songea à incriminer l’apparition d’un enfant abandonné à sa porte ni le sentiment de charité qui le lui fit adopter. On connaissait la pureté de ses mœurs, et on ne pouvait soupçonner aucune fille du village en ce moment-là. Quelques années se passèrent ainsi ; mais M. Costel fut dénoncé par une vieille bigote de la paroisse pour avoir trop prêché l’Évangile pur et simple à la manière des protestants et des athées. « C’était un gallican renforcé, il lisait plus de journaux qu’il ne disait de prières, il se piquait plus d’être helléniste que chrétien, enfin il avait chez lui un enfant dont on ne connaissait ni la mère ni le père ; ce qui prouvait bien que M. Costel avait de mauvaises mœurs. »

L’évêque n’admit pas cette dénonciation sans examen. Il appela M. Costel devant lui, l’engageant à avouer ses fautes et lui promettant son indulgence. M. Costel était très-fier, un peu brusque et malheureusement pour lui très-peu diplomate. Il répondit avec trop de franchise et de hauteur. On le disgracia en l’envoyant à ce malheureux hameau des Pommets, où le casuel était nul et la misère complète.