Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/40

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Tout en cueillant mes fraises, je songeais à ce que Frumence avait révélé devant moi à ma grand’mère. Je ne savais nullement ce qu’on entend par un enfant trouvé ; mais, comme je savais qu’on m’avait trouvée moi-même à la Salle verte, je croyais que Frumence avait eu comme moi une existence mystérieuse et surnaturelle. Cela le relevait un peu à mes yeux, et j’aurais voulu entendre les explications qu’il donnait à ma grand’mère, certaine qu’il lui parlait de fées ou de génies.

Quand je rapportai les fraises, il parlait des études sérieuses que M. Costel lui avait fait faire durant ses longs loisirs dans le hameau abandonné, et ma bonne maman ouvrait de grands yeux en apprenant que l’oncle et le neveu étaient parfaitement heureux ensemble, grâce aux lectures et aux études qui les absorbaient et les rendaient insensibles aux privations et à l’horreur de l’isolement.

— Mais comment se fait-il, disait-elle, qu’instruit comme vous paraissez l’être, et chérissant le travail, vous n’ayez pas cherché un état qui vous mît à même de donner un peu de bien-être à ce pauvre cher curé ?

— J’ai essayé plusieurs fois d’aller donner des leçons à la ville, répondit Frumence ; mais c’est