Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 1.djvu/93

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Nous avions fait tranquillement une lieue environ, lorsque Denise se mit à m’embrasser immodérément, au risque de briser le chapeau de paille et de friper les rubans dont j’étais heureuse de me voir parée. Je la repoussai une ou deux fois, enfin je priai ma bonne maman de lui dire de me laisser tranquille.

— Ah ! madame, s’écria Denise, quand je pense que c’est sur ce chemin-là, dans cette même voiture, et peut-être à l’endroit où nous sommes, que ce pauvre cher trésor m’a été volé !

— Ne parlez plus de cela, répondit ma grand’mère. Vous en avez trop parlé à cette enfant qui ne comprend rien à vos récits. D’ailleurs ce n’est pas du tout par ici, c’est du côté du Revest que cela est arrivé. Comment pouvez-vous vous tromper à ce point ? Allons, soyez donc un peu plus tranquille, ou je ne vous ferai plus sortir avec moi.

— Je serai sage, madame, reprit Denise avec la douceur d’un enfant ; mais que Lucienne me laisse l’embrasser encore une fois, la dernière fois pour aujourd’hui, je le jure !

— Embrassez-la, ma fille, dit ma bonne maman, et que ce soit fini.

Denise m’attira sur elle, me fit sauter sur ses genoux comme un petit enfant, et me couvrit de