Page:Sand - Constance Verrier.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Moi, je les aime mieux, répondit hardiment la Mozzelli.

— On pourrait vous dire, ma chère, reprit madame d’Évereux : Vous êtes orfèvre, monsieur Josse : mais que ceci ne vous fâche pas plus que ne me fâchent vos invectives. Nous sommes ici, non pour nous quereller, mais pour philosopher ; non pour décerner le prix Monthyon à la conduite de l’une de nous, mais pour chercher ensemble le meilleur système ; car, enfin, il en faut un, n’est-ce pas ? vu que les sophistes auront beau dire, on ne supprimera jamais l’amour. Vous prétendez, chère Sofia, qu’il est tout supprimé par le fait des hommes de ce temps ; et moi, je le nie ! Et même, je vous déclare que je crois avoir été beaucoup aimée, et plus d’une fois dans ma vie.

Je le suis peut-être encore, qui sait ? Il n’est pas nécessaire de s’accuser et de mettre les points sur les i, pour avoir une conviction à émettre. Et quand je me tromperais, qu’importe ? Je me crois aimée, donc je le suis. L’ingratitude de mon mari envers moi n’est pas un argument contre le sexe barbu. Il aimait sa ballerine avec fureur. Il est peut-être mort de chagrin d’avoir été, je ne dis pas trahi par elle — il s’y était habitué — mais abandonné sans retour. Le fait est qu’il a succombé à une fièvre cérébrale peu de temps après, et que, dans son délire, le pauvre homme me criait, croyant s’adresser à sa faiseuse d’entrechats : « — Trompe-moi encore, trompe-moi toujours, mais ne me chasse pas ! » Donc, il était en proie à une pas-