Page:Sand - Constance Verrier.djvu/153

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vous battais froid, ce serait un mensonge en pantomime. J’aime mieux vous dire tout simplement ce qui en est : vous n’êtes pas une société pour ma fille. Elle est musicienne, et nous irons vous entendre. Je vous présenterai même à elle devant tout le monde. Il n’y a rien de mieux. Elle est destinée à protéger aussi les artistes quand elle aura un mari et une maison ; mais des relations intimes ne sont pas possibles en sa présence. Les petites filles sont niaises et font mille questions. Ne m’a-t-elle pas déjà demandé si vous étiez mariée ? Vous comprenez que je ne peux pas lui raconter votre histoire…

— C’est assez, madame la duchesse, répondit la Mozzelli ; j’ai compris de reste. Vous avez raison, et je n’ai rien à dire. Vous voyez bien, ajouta-t-elle en se tournant vers Constance, que l’honneur est cette île escarpée dont parle un de vos vieux poëtes :

    On n’y peut plus rentrer, des qu’on en est dehors.

J’aurais cru pourtant avoir réparé un peu mes fautes depuis trois mois, car j’ai tâché de mettre vos conseils à profit ; mais cela ne sert de rien, et vous allez aussi me dire qu’ici, en vue, dans cette ville de province, je ne dois pas avoir l’air de vous connaître.

— Oh ! moi, c’est différent, répondit Constance ; je n’ai pas de fille à marier.

— Mais vous êtes fille à marier vous-même.

— Non ! je suis toute mariée, puisque j’ai la parole d’un honnête homme qui me connaît bien. J’irai donc