Page:Sand - Constance Verrier.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Raison de plus.

— Réellement, vous ne le savez pas, son vrai nom, madame la duchesse ?

— Attendez donc… Non ! ça ne me revient pas ! Entre nous, ça n’était pas un nom.

— Selon vous !

— Et selon vous aussi ; ce n’est pas un artiste !

— Enfin, dit Constance en souriant, c’était quelque prince déguisé en simple particulier !

— Eh bien ! qui sait ? et qu’importe ? reprit Sofia, va pour Melvil ! Melvil donc me remercia du plaisir et du bien que je lui avais fait en chantant, et il s’exprima d’une manière exquise et vraie, dans des termes que je ne saurais pas répéter, mais qui m’allèrent droit au cœur. C’était la première fois qu’il m’entendait, et il était ravi. J’avais reçu des bouquets ; je lui en donnai un. La façon dont il accepta… ce sont des riens que je vous raconte, mais Constance sait bien que ces riens-là sont des odyssées !

— Faites comme si je ne le savais pas, moi ! Racontez tout, dit malignement la duchesse.

Excitée par son sourire de doute, la Sofia reprit :

— Eh bien, puisque cela vous amuse, je ne passerai rien. Il reçut ce bouquet d’un air indécis, comme s’il était étonné d’une si grande faveur. Je vis qu’il ne connaissait guère les libertés de la vie d’artiste et qu’il prenait cela pour une avance. J’en aurais ri de la part d’un autre, mais comme il me plaisait déjà, je ne voulus ni lui paraître légère ni le laisser me paraître ridi-