Page:Sand - Constance Verrier.djvu/172

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moments qu’il a pu me consacrer à causer d’affaires, mais à parler d’amour. S’il est riche, tant pis : la richesse est une chaîne. S’il est pauvre , tant mieux : il se déliera !

— Et vous n’avez pas eu la curiosité de demander quelques détails à votre ami, ne fût-ce que pour savoir si vous pouviez espérer quelque chose dans l’avenir ?

— Non ! cet ami quittait Londres peu de jours après me l’avoir présenté, et, fût-il resté, je n’aurais pas osé l’interroger. C’eût été me trahir, et je voyais bien que… Melvil voulait du mystère dans nos relations. Il avait bien raison. Le mystère est la poésie de l’amour. N’est-ce pas votre avis, Constance ? Vous-même, est-ce que vous ne cachez pas le nom de votre fiancé ?

— Je pourrais le dire à présent, mais c’est un nom obscur qui ne vous apprendrait rien.

— Et puis, dit la duchesse, dans votre position, il ne faut dire cela que la veille du mariage : vous avez fort bien fait…

— C’est de Sofia qu’il s’agit, reprit Constance. Je trouve son histoire bien romanesque, je ne le lui cache pas ; mais, telle que la voilà, croyante, attendrie, absorbée, je la crois bien plus en voie de salut que lorsque je l’ai quittée, niant tout et se niant elle-même.

— Bah ! bah ! dit la duchesse ; je la trouve, moi, à l’apogée de sa folie, d’aimer un inconnu ! Elle s’imagine peut-être avoir charmé quelque grand personnage ; qui sait si, comme dans les drames roman-