Page:Sand - Constance Verrier.djvu/193

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votre voix quand vous êtes entré, ou la duchesse vous a nommé, à l’heure qu’il est ; car, pas plus que moi, la duchesse ne voyait en vous le fiancé de Constance. Il y a donc ici trois femmes que vous avez trompées, et qui, à votre insu, n’avaient pas de secrets entre elles. Eh bien ! ces trois femmes, qui s’aimaient et qui se haïssent maintenant, auront encore un lien commun : le mépris et le ressentiment qu’elles vous doivent !

— Non ! répondit Raoul, un instant blessé, mais aussitôt maître de lui-même. Ces trois femmes s’aimeront encore, car elles ne se sont pas trompées mutuellement ; et moi, je n’en ai trompé aucune.

— Ah ! vous n’avez pas trompé Constance ? Vous lui avez confié vos transports d’amour avec moi, vos raffinements d’esprit avec la duchesse ? Constance savait tout cela quand elle en écoutait, ce soir, le double récit ?

— Constance ne savait rien, et j’espère qu’elle ne sait rien encore. Je ne crois pas possible qu’elle m’ait vu ou entendu ici, et je suis sûr que la duchesse ne fera point une mauvaise action.

— Vous comptez sur son amitié fidèle ou sur sa pudeur ?

— Il vous plaît de persister à croire que la duchesse m’a honoré de ses bontés ; moi, je vous réponds simplement que la duchesse est généreuse et prudente. C’est à votre pudeur et à votre amitié que je fais appel ici.