Page:Sand - Constance Verrier.djvu/199

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Constance sur mes égarements passés, je ne le pourrai pas. Sans courage et sans loyauté, il n’y a rien de possible en ce monde !

— Vous avez raison, répondit la Mozzelli, et cependant… Tenez ! si vous voulez que je pousse le dévouement à votre bonheur jusqu’à vous donner un conseil, écoutez celui-ci : Il est fort possible que Constance ne vous interroge jamais sur vos relations avec les femmes durant les années de votre séparation. C’est une femme supérieure, elle ! une femme extraordinaire ! Ou elle a la candeur et la chasteté de croire que vous avez pu lui être fidèle, ou elle a tout accepté par la réflexion et le raisonnement. Elle a autant de justice que d’innocence, autant de sagesse que de simplicité. Si elle ne vous demande rien, ne lui dites rien ! peut-être aimera-t-elle mieux ne rien savoir. Peut-être quand vous serez forcé d’entrer dans des détails, même pour vous excuser, lui enfoncerez-vous des aiguilles dans le cœur ; et vous savez qu’une aiguille tue aussi bien qu’un poignard.

— Oui, je le sais, répondit Raoul, et pourtant, si elle l’exige, je me confesserai, j’y suis résolu. Je n’ai point passé quatre ans loin d’elle sans interroger l’avenir, et mon bonheur ne veut rien devoir au mensonge. Je préférerais de beaucoup sa curiosité à une confiance trop puérile, et je serais effrayé de l’épouser sans qu’elle me connût comme Dieu me connaît. Constance n’est plus une enfant, et une enfant seule croit à l’austérité monacale d’un homme