Page:Sand - Constance Verrier.djvu/211

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zelli en sanglotant ; ou pour mieux dire, je n’aime que vous, et je hais ceux qui vous ont fait ou qui vous feront souffrir.

— Personne ne m’a fait souffrir, répondit Constance : tout le monde a été bon pour moi, et vous… oh ! j’ai bien vu... vous étiez au désespoir, n’y songez plus ! Me voilà bien, partez et revenez dans deux mois. Vous l’aviez promis !

— Ah ! vous restez ici, et vous souhaitez me revoir ? dit la Mozzelli, de nouveau tremblante de surprise.

Constance fit signe qu’elle ne pouvait parler longtemps. La tante reprit sur un signe d’elle :

— Le médecin a conseillé trois mois de séjour ici. Nous resterons. Constance se rappelle que vous parliez de louer votre maison. Elle vous demande la préférence. Elle s’y trouve bien, et elle laissera votre chambre libre, afin que vous puissiez revenir. Pourquoi ne désirerait-elle pas vous revoir ?

La vieille fille, qui était la sincérité même, dit cette dernière parole avec un effort visible. Savait-elle la vérité ? Constance elle-même la savait-elle, ou l’avait-elle oubliée ? Dans tous les cas, la nièce aussi bien que la tante parlaient et agissaient comme si elles l’eussent ignorée.

— Vous resterez chez moi, c’est-à-dire chez vous, répondit la Mozzelli, qui crut comprendre la volonté de Constance, et j’y reviendrai si elle me rappelle. Mais si elle m’ordonne de quitter l’Europe et de n’y jamais reparaître, si elle m’ordonnait même de mou-