Page:Sand - Constance Verrier.djvu/245

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La pauvre fille devenait folle ; mais déjà Raoul avait la certitude que Constance vivait et qu’elle n’était qu’évanouie. Elle revint à elle pour rassurer Cécile et lui jurer que, fût-elle la plus malheureuse des créatures vivantes, elle voulait vivre et vivrait pour elle.

Cependant elle souffrait d’une oppression que les tendres soins de sa tante et de son mari ne venaient pas à bout de dissiper. Elle ne se l’expliquait pas à elle-même ; elle était sous le coup d’une terreur étrange, frissonnant au moindre bruit, regardant avec surprise autour d’elle, et parfois s’attachant aux bras de sa tante comme pour la supplier de ne pas la laisser seule avec Raoul.

Raoul, qui l’observait douloureusement, comprit l’étendue de leur malheur à tous deux. Il parla d’aller chercher le médecin.

— Non ! non ! ce serait ridicule, lui dit Constance. Je ne suis pas assez malade pour cela. Et elle revint à la prière détournée qu’elle avait si souvent faite à Nice : « J’aurais seulement besoin de repos. »

Raoul lui baisa respectueusement les mains, et, désespéré, mais sans montrer ni effroi ni dépit, il la laissa seule avec sa tante. L’infortuné roula toute la nuit dans sa tête les idées et les projets les plus sombres. Si Constance avait horreur de lui, pourquoi lui avait-elle laissé croire qu’elle avait tout pardonné et qu’elle l’épousait avec joie ? Était-ce par respect pour l’opinion, à cause d’elle-même, ou par dévouement envers lui qu’une rupture venant de la part