Page:Sand - Constance Verrier.djvu/250

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suis reproché mon orgueil, car c’était de l’orgueil, cette fois, je ne devais m’en prendre de ta faute qu’à moi seule. J’avais eu, sans doute, dans l’âme, quelque langueur qui s’était communiquée à la tienne. Je t’avais peut-être écrit quelque lettre froide ou distraite… Je ne m’en souviens pourtant pas ! »

— C’est que cela n’est pas ! dit Raoul, rien ne m’excuse ! Toutes les lettres que j’ai reçues de toi étaie adorables !

— Eh bien ! il faut, reprit Constance, qu’il y ait eu, par suite de ce voyage imprévu en Angleterre, dont tu n’avais pas eu le temps de m’avertir, quelques lettres égarées. Tu auras pensé, malgré toi, que je te négligeais, que j’étais patiente jusqu’à la tiédeur, que sais-je ! Toi, tu ne m’as pas écrit de Londres ni d’Édimbourg. Tu n’en avais pas le courage, tu ne voulais pas me tromper ! J’aurais dû deviner cela, et me préparer au coup qui m’a frappée. Je n’ai été inquiète que de ta vie et de ta santé. Je ne te croyais pas dans un pays où je pouvais perdre ta trace. Enfin, j’ai péri par où j’ai péché, la confiance !

« Eh bien ! qu’y faire ! Nous avons eu tort de ne pas nous expliquer dans nos lettres, sur la notion que nous avions l’un et l’autre de la fidélité réciproque. Il est bien évident que nous différions là-dessus sans le savoir. »

— Non ! s’écria Raoul, nous ne différions pas ! Je pensais, je pense encore comme toi. Je ne suis pas sophiste et je n’ai jamais eu l’impudence de vouloir te prouver que j’avais d’autres droits que les tiens.