Page:Sand - Constance Verrier.djvu/65

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mes révélations, et il était peut-être capable de tout. Je feignis donc de croire que notre amitié, épurée par son repentir et ma vigilance, pouvait renaître après cette ignominie.

« Je consentis même à passer un instant pour une créature intéressée qui ne renonçait pas aux avantages de l’éducation et du bien-être. Je le laissai parler et même espérer qu’à force de soins et de bontés, il fermerait cette blessure. Il y eut, je dois l’avouer, quelque chose de grand, à ce moment-là, dans son âme maudite : vous allez voir.

« — Qu’espérez-vous donc de moi ? lui disais-je. Que je pourrais être votre maîtresse sans dégoût et sans avilissement, après que vous m’avez fait comprendre la beauté d’une affection pure ? Eh bien ! cela est impossible : je vous mépriserais !

« — Je le comprends, s’écria-t-il. Aussi je vous remercie et vous bénis de cette sainte colère où vous voilà. Être subi et trompé, c’est la destinée des vieillards, et j’y avais échappé jusqu’à ce jour. Je pourrais y tomber si vous étiez une fille vulgaire. Je vous aime si éperdument que je me contenterais de vos rares moments de pitié, si vous ne pouviez rien de plus pour moi. Mais vous conserveriez votre haine et votre ressentiment, et je serais le plus à plaindre de hommes. J’aime bien mieux que vous me rendiez votre amitié filiale, et si vous pouviez me la promettre, je vous jure sur tout ce qu’il y a de sacré au monde, sur votre propre cœur, où j’ai cultivé la can-