Page:Sand - Constance Verrier.djvu/86

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reuse. J’avais respecté la foi et la candeur chez les autres. Enfin, j’étais bien morte, mais non damnée, puisqu’il m’était permis de revenir sur la terre, d’en comprendre encore la beauté, et d’y chercher une meilleure existence.

« Je prolongeai mon séjour au bord de ce lac de Garde, le plus beau des lacs italiens, aussi longtemps que me le permirent mes courtes finances. J’ai toujours été pauvre, n’ayant que le fruit de mon travail au jour le jour. Les trois mois que je passai dans ce lieu enchanté au milieu de bonnes gens simples, et au sein d’une nature vraiment sublime, sont le meilleur souvenir de ma vie. Le dernier mois, ma santé étant véritablement revenue, je me procurai un piano et je travaillai sérieusement, tout en négociant par correspondance un engagement avec Naples.

« C’est au bord de ce lac que j’appris la mort du comte A… Je ne vous ai pas dit que, deux ans après l’avoir quitté, j’avais reçu de lui une lettre où il m’apprenait qu’il était veuf. Il m’offrait de m’épouser, disant qu’il ne pouvait faire moins pour une personne qui ne l’avait pas trahi, et dont il avait eu raison de ne pas craindre la vengeance. Je n’avais pas même répondu à sa lettre ; j’étais alors lancée dans mon premier tourbillon. La nouvelle de sa mort m’émut profondément, je n’avais aimé et respecté personne autant que ce malheureux et coupable vieillard, avant de connaître son véritable caractère. Je me trouvai soulagée d’une véritable souffrance en me souvenant